Moussa Diallo, maraîcher
Moussa est heureux de nous faire visiter son potager. Il l’a organisé en deux cultures ; les fruits, et les légumes. Banane, mangue, citron, tamarin, oignons, aubergines rondes et amères, laitue, oseille, piment, carotte, navet… Tout est destiné en priorité à l’autosuffisance alimentaire de la famille. Le reste, il le vend mais en général, il aide ceux du village s’ils n’ont rien : lorsqu’il est au potager, il y a des villageois qui viennent demander, et en bon musulman, Moussa aide son prochain avec satisfaction. Pour ce qui est de la vente, elle se fait au village mais aussi à Saint-Louis. Pour les bananes, tout part pour la ville, grâce à la voiture de Bouby son grand frère. Et la vendeuse, c’est N’Deye Anta. En période de vente, c'est-à-dire en milieu de récolte il convoie vers Saint-Louis deux fois par semaine.
Actuellement, Moussa travaille tout seul, bien qu’il ait déjà eu des employés. D’ailleurs, il en recherche, parce qu’en plus de son travail au G.D.S., il n’a pas beaucoup de temps. A rajouter aussi à son emploi du temps la fonction d’imam intérimaire.
Moussa m’explique qu’il y a plusieurs récoltes dans l’année, en fonction des plantations. 0,25 Ha de jardin, c’est pas rien, mais notre maraîcher estime que c’est peu, alors il prospecte pour doubler sa surface. Il veut augmenter la bananerai, par exemple. Et pourquoi ne pas faire un potager exclusivement fruitier et un autre légumier ? Moussa réfléchit et rêve de ce projet pour sa famille. Selon lui, l’agriculture est l’avenir du pays. Beaucoup cultivent. Même les ministres ! Après avoir tombé la cravate, ils vont dans les champs !!!
Pour les prix de la vente, tout dépend de la concurrence, alors il essaye de cultiver ce qui n’y a pas à Saint-Louis, pour avoir le meilleur prix et toutes les chances de vendre sa récolte. Pour vendre beaucoup, il essaye aussi de cultiver avant l’heure, pour être le premier à proposer les denrées.
Pour l’arrosage, le village est chanceux car juste à côté du Marigot. Moussa dispose d’un moto-pompe d’une capacité d’un cylindre. S’il en avait 2 ou 3, il pourrait cultiver 10 Ha et là, il pourrait abandonner le G.D.S. et être autonome.
Au G.D.S., il est responsable de 3,3 Ha et de 50 employés. Il gagne l'équivalent d'une vingtaine d’euro. Et cela, malgré son poste de chef d’unité de production. Avec ce salaire, Moussa arrive à faire vivre les siens, mais ce n’est pas assez pour avoir des projets. Actuellement, il vit chez son père, car il ne peut pas construire sa propre maison. Et sa priorité, c’est le jardin. Qui sait… S’il parvient un jour à augmenter considérablement sa production, il l’aura, sa maison !